L’actrice Britannique Lily James révèle ce que ça lui fait de rompre avec les rôles d’héroïnes de contes de fées.
Elle a joué l’héroïne de contes de fées avec aplomb, mais Lily James en a assez d’être stéréotypée. L’actrice Britannique se confie aujourd’hui sur sa famille, sur son futur, et sur sa recherche de rôles nouveaux.
« Je pense que j’ai bien plus à offrir qu’à être enfermée dans la case de la ‘fille romantique’. Ma personnalité possède d’autres aspects : je peux me mettre en colère facilement quand les choses m’ennuient … » Lily James parle de stéréotypes. L’actrice – dont la carrière, admet-elle, lui a laissé parfois le sentiment d’être ‘persécutée par les corsets’ – est prête à exprimer « plus d’aspects différents de moi-même, à travers toute sorte de personnages. » Elle a sans doute trouvé cette réponse dans ‘Rebecca’, l’adaptation très attendue du chef d’oeuvre gothique de Daphne du Maurier de 1938, qui sortira prochainement cette année. James y incarne Mrs de Winter, aux côtés d’Armie Hammer qui interprète son mari aristocrate Maxim, dans une production Netflix ; l’intrigue suit un couple débutant sa vie conjugale dans le sombre domaine de Manderley, chaperonnés par la femme de ménage Mrs Danvers, brillamment interprétée par Kristin Scott Thomas. Avec un scénario signé Jane Goldman et Ben Wheatley à la réalisation, le film est prêt à captiver le public, et ce tout autant que la version précédente d’Alfred Hitchcock, récompensée aux Oscars, avec Laurence Olivier et Joan Fontaine. « Je suis passionnée par cette histoire » dit James. « En ce moment, je ne fais qu’y penser, en rêver et en parler. Hitchcock l’a déjà adapté, et nous le faisons à nouveau avec une vision différente. »
« Même si j’étais déterminée à rester la plus fidèle possible au livre » continue-t-elle « nous avons dû dans le même temps le laisser prendre son envol et voir ce qu’il pouvait devenir, en découpant chaque partie. J’ai lu le livre sept ou huit fois, j’ai l’impression que ce personnage compte vraiment pour moi. » Mariée à un homme qui s’avère être aussi froid qu’il est riche, et hantée par la présence constante de la première épouse décédée (l’éponyme Rebecca), la jeune Mrs de Winter est seule, apeurée et malheureuse. Une situation que James n’a pas prise à la légère. « J’ai eu du mal à me détacher du personnage » explique-t-elle. « Elle est tellement intimidée, juste éclairée au gaz, elle vit dans un espace difficile. J’ai continué à avoir des attaques de panique après le tournage ; je n’arrivais pas à m’en débarrasser. » Un tel dévouement est typique chez James. Apparue d’abord dans ‘Secret Diary of a Call Girl’, drame télévisuel racontant l’histoire vraie de Belle de Jour, c’est en jouant la fougueuse Lady Rose dans ‘Downton Abbey’ 1 an plus tard qu’elle a été catapultée sous la lumière des projecteurs (« cette série m’a permis d’avoir plus de visibilité – et c’est ce que vous souhaitez le plus en tant qu’acteur ; de pouvoir être vu »), tournant une vingtaine de films en moins d’une décennie – tout cela avant même d’atteindre l’âge de 30 ans, l’année dernière. Cependant, à l’instar de beaucoup d’actrices qui se sont fait connaître par des drames d’époques, la sensibilité à la rose anglaise de James rendait la menace d’être catégorisée presque inévitable. Un remake à gros budget du classique Disney de ‘Cendrillon’, ajouté à ‘Pride and Prejudice and Zombies’, une série télévisée de ‘Guerre et Paix’ et une romance située pendant la Seconde Guerre Mondiale, ‘The Exception’, ont suivi peu après ; ‘stressant’ James à la pensée qu’on ne veuille lui proposer qu’un certain type de rôles.
« Quand je travaillais avec Kenneth Branagh pour ‘Cendrillon’, il m’a dit d’être patiente, que j’avais une longue carrière devant moi et que les opportunités arriveraient en temps voulu. Ce conseil m’a permis de ne pas m’énerver ou de trop m’inquiéter sur les stéréotypes. » dit-elle. Les sages paroles de Branagh ont eu raison et James s’est depuis éloignée des attentes. Elle a joué dans le hit musical créé par ABBA ‘Mamma Mia ! Here we go Again’, et dans la comédie romantique sur le thème des Beatles de Danny Boyle ‘Yesterday’, a joué un rôle principal dans le premier film de Billie Pipper ‘Rare Beasts’, et a fait une apparition acclamée sur scène dans ‘All About Eve’ aux côtés de Gillian Anderson. « J’ai joué une sombre menteuse, colérique et pathologique pendant 14 semaines, 8 fois par semaine » dit-elle en souriant. Sans oublier qu’elle est aussi apparue dans des campagnes lucratives pour Burberry. « Je dois en profiter, je ne peux pas m’empêcher de faire tout ça » rit-elle. « Je sais que je vais devoir bientôt ralentir, parce que ça fait pression sur ma vie personnelle. Mais quand vous avez la chance de jouer dans un film comme ‘Mamma Mia’ et travailler avec Meryl Streep et d’autres acteurs de son calibre, vous devez accepter ces opportunités. » James a semble-t-il accepté les pressions de l’industrie avec une acuité forgée au fur et à mesure des années, sa vive personnalité dissipant les anxiétés et le stress causés par les montagnes russes des tapis rouges et de la célébrité. Particulièrement en ce qui concerne sa longue relation avec l’ancienne star de ‘Doctor Who’ Matt Smith. Après d’être rencontrés sur le tournage de ‘Pride and Prejudice and Zombies’, les horaires de travail trop chargés du couple auront été trop exigeants en 2019, décidant de se séparer après cinq ans ensemble.
Alors que les rumeurs avancent que Smith se serait rapproché de Claire Foy, sa partenaire dans ‘The Crown’, James a été vue au bras de la star montante Max Ianeselli. C’est un sujet qui n’intéresse pas James. « C’est parfois ennuyeux de voir des photos de soi prises par les paparazzis, alors qu’on ne savait pas qu’on était photographié » concède-t-elle. « C’est tout aussi difficile pour moi d’être loin de chez moi » continue-t-elle. « J’ai été obligée de donner mon chat il y a quelques années, même si je l’adorais. Mais je n’étais jamais à la maison, et le chat faisait pipi partout. Je la vois toujours, quand je rends visite à l’amie à qui je l’ai confié. » Sa maison est certes aujourd’hui rattachée à Londres, mais James fait aussi souvent référence à son éducation terre-à-terre à Esher, dans le Surrey, en tant que deuxième enfant d’une fratrie de deux frères, Sam et Charlie. « C’était si merveilleux de vivre à la campagne, où le rythme de vie était plus paisible et l’air plus frais » dit-elle. « C’est vraiment différent de la ville. Je suis allée dans une école fantastique, où je me sentais détendue et en sécurité. C’était comme vivre dans une bulle ; c’était très beau, j’étais dans ma bulle. » James ne cache pas la fierté qu’elle éprouve envers sa famille, notamment par sa décision de prendre le nom de son père, James Thomson, comme nom de scène. Bien que décédé à l’âge de 54 ans d’un cancer, alors que James n’avait que 18 ans, il reste toujours ‘sa plus grande inspiration’. « Mon père a fait beaucoup de choses » se souvient-elle. « En plus d’avoir été acteur, il a été aussi musicien et entrepreneur. Il avait beaucoup d’imagination, il avait un grand esprit d’analyse et il était très spirituel. Il m’a toujours poussé à être curieuse et à découvrir les choses par moi-même. Je suis passionnée par la psychologie humaine : jouer la comédie vous demande de toujours chercher à comprendre la personnalité de vos personnages, leurs motivations, leurs pensées. »
La comédie s’est emparée du cœur de James dès son plus jeune âge, et, après un passage à la Tring Park School for the Performing Arts, elle s’en est allée à la Guildhall School of Music and Drama, qui a compté Ewan McGregor, Jodie Whittaker, Michele Dockery et Daniel Craig parmi ses élèves. « Je suis devenue actrice en grande partie grâce à ma grand-mère [Helen Norton, qui a donné sa voix à la navette spaciale ‘Mother’ dans le classique de Sciences-Fiction ‘Alien’ de Ridley Scott], et mon père a aussi fait ce métier » continue-t-elle. « J’ai toujours adoré jouer – j’ai ça dans le sang. Mon père était acteur dans le début de sa vingtaine, il a même vécu à Boulevard Sunset à Los Angeles. Un de mes oncles était aussi acteur ; on pourrait dire au final que je suis issue d’une famille d’artistes. » Sa mère, Ninette, est pour elle une influence tout aussi importante ; James lui attribue la reconnaissance du maintient de la famille après les décès de son père, de son oncle et de sa grand-mère, qui se sont rapidement enchaînés. « Nous avons souvent voyagé ensemble pour les promotions de mes films » explique James. « Elle me soutient tellement, et à chaque fois que je me sens mal ou que je me sens confuse au travail ou dans ma vie personnelle, je sais que je peux toujours l’appeler. Elle sait être à l’écoute, et a toujours le moyen de me faire voir chaque problème sur un autre angle. C’est vraiment rassurant de savoir que je peux compter sur ses conseils. » Aussi, ses frères. « Je suis aujourd’hui très proche de mes frères, mais quand j’étais petite, je pouvais être un vrai cauchemar » rit-elle. « Je me battais tout le temps avec eux. J’étais une fille assez grande et coriace, je gagnais toujours les bagarres. Mais ils n’ont jamais cessé de me soutenir. Quand j’ai joué ‘The Seagull’ de Tchekhov sur scène, ils sont venus me voir neuf fois. Charlie vit maintenant en Australie, mais il est venu une semaine à Londres pour me voir dans ‘All About Eve’. »
Sans oublier le cercle d’amis restreint de James, qui la maintient aussi les pieds sur terre ; elle est partie avec son sac à dos en Asie avec un ami pour l’aider à revenir à la réalité après ‘Cendrillon’. « Ils sont nombreux à trouver ça drôle, parce qu’ils ont l’habitude de me voir la plupart du temps avec des jeans, des Doc Martens et des pulls et des T-shirts usés » rit-elle. « Pour les Avants Premières, j’essaye d’être élégante et sophistiquée, mais il me reste du chemin avant d’en arriver là. » Elle est bien sûr très modeste. James est vite devenue la fille adorée d’Hollywood, bien qu’elle ne cesse d’attribuer son succès aux autres. « J’ai beaucoup appris en travaillant avec de nombreuses personnes au talent exceptionnel, et je suis infiniment reconnaissante de toutes ces expériences. Ils ont changé ma vision sur ce que signifie être une femme et une actrice, ils m’ont donné une inspiration précieuse. Je me souviens encore combien sur le tournage de ‘Mamma Mia’ je pouvais rester sans voix à côté de Meryl – c’était incroyable de voir toute cette magie qu’elle était capable de créer. » « J’ai l’impression d’être une éponge qui absorbe tous ces petits secrets qui font que ces acteurs sont si incroyables » continue-t-elle. « J’ai tant appris grâce à Cate Blanchett [qui a joué la méchante belle-mère de James dans ‘Cendrillon’], par cette capacité extraordinaire qu’elle possède de savoir jouer avec son regard. » Blanchett lui a-t-elle donné quelques conseils pour sa carrière, je lui demande. « Elle m’a conseillé d’accepter des rôles qui me font peur, parce que ces expériences vous mettent au défi et font de vous un meilleur acteur. Ce sont aussi ces rôles qui vont faire de vous des personnes plus intéressantes et plus éclairées. »
En ce qui concerne le futur, il sera intéressant de voir si James sera tentée de suivre l’exemple de certains de ses contemporains, comme Emilia Clarke ou Margot Robbie, qui se sont lancées dans la production de films plus féminins. « J’ai dans l’idée depuis un certain temps de faire quelque chose dans ce style, avec une amie de l’école d’Arts Dramatiques » dit James. « Nous avons envie de trouver des projets auxquels nous croyons, auxquels nous voudrions nous investir, et ce en partant de l’idée jusqu’au film final. » Mais pour l’instant il y a ‘Rebecca’, qui est bien parti pour briller et emmener sa star avec lui. Et pourtant, si j’ai bien compris une chose chez James, c’est qu’elle ne laissera jamais l’attention lui monter à la tête. « Je pense être la même personne que celle que j’ai toujours été, même si j’ai beaucoup appris sur le monde. Tous les voyages que j’ai eu la chance de faire m’ont aidé à mieux comprendre les choses. Même si j’ai aussi passé beaucoup de temps à rêver. J’ai toujours eu ce côté romantique ; et je l’ai encore. »
Glossary Magazine | Février 2020 | Traduit par Lily James France ©