Grâce à Downton Abbey, Lily James – interprète de Lady Rose – est désormais une star internationale. Andrew O’Hagan rencontre la jeune fille qui a le monde à ses pieds, et questionne comment un drame fait maison est devenu une obsession internationale.

Un jour récemment, je conduisais de Londres pour me rendre dans le countryside de Kent pour rencontrer l’excellente jeune actrice Lily James. La pluie – non pas encore ! – se déversait sur le parc et assombrissait les pierres de Boughton Monchelsea Place, un manoir Elizabethain à plus de cinq kilomètres de Maidstone. Lily, qui joue Lady Rose MacClare, la cousine turbulente des filles Grantham de Downton Abbey, bravait le temps dans une belle robe rose pâle. J’ai traversé la maison – le hall sombre, l’escalier ouvert, les immenses chambres et le salon apprêté – et me suis arrêté pour regarder Lily de la fenêtre de la librairie. Elle est l’image même de l’optimisme. Non seulement adorable, elle nous donne la foie dans l’idée de l’enchantement, un simple espoir me direz vous, dans la possibilité de changer une personne par une autre. Une telle croyance peut se retrouver dans les contes de fées, mais c’est fondamentalement une ancienne croyance provenant d’une vieille idée de rebellion dans les classes Anglaises – un jour mon prince viendra, ou un jour ma maison viendra, et avec elle les serviteurs. J’ai saisis un Middlemarch sur une étagère et lis tout sur son héroïne tandis que je regarde Lily James en bas dans le jardin. « Miss Brooke avait cette forme de beauté, qui était mis en valeur par une vieille robe. »

« Eh bien », je dis à l’assistant caméra qui m’a suivit et qui se tient derrière moi, « les choses changent. La maison est la même. Les chevaux sont semblables. Le feu de bois est là et le fond est de Colefax et Fowler. Mais Dorothea Brooke n’a pas eu l’occasion de porter une robe d’Elie Saab. »

L’obsession actuelle pour l’ancien style Anglais pourrait être plus que le désir d’évasion. Cela pourrait exprimer un désir commun de valeurs stables . Lord Grantham est peut être riche, mais il n’est en aucun cas grossier; au contraire, il est un cliché de la bienveillance bien-née. Il est, pour moi, une figure de la moral de l’accomplissement de soi dans une époque d’entreprises cupides et de faillites bancaires. Je ne veux pas gâcher le plaisir en suggérant que beaucoup de résidents Edwardiens vivaient dans la peur de leurs maîtres, pour cela c’est une histoire sur comment l’imagination créé et a besoin pour rendre la vie plus belle. Quand je m’assois pour parler à Lily James, j’ai réalisé qu’il était impossible d’être cynique dans l’enchantement. En un sens je l’avais toujours su, mais Lily ajoute une pointe de fraîcheur à cette certitude. Bien que beaucoup de ses qualités proviennent d’un autre temps, il y a quelque chose de franc dans son enthousiasme alors qu’elle se tient sur les bancs de la célébrité. Lily vient juste de terminer de jouer le rôle titre du live-action de Disney ‘Cendrillon’, dirigé par Kenneth Branagh. « Je ne suis pas une sorte de pilier de confiance en soi » dit-elle adorablement quand elle s’assoit dans le hall baronnial pour une conversation.

« Mais tout le monde veut la fille qui va au bal » je remarque.

« C’est vrai. » dit-elle. « Et je ne veux pas être de ces acteurs qui s’assoient en prétendant que ce n’est pas si excitant. C’est merveilleux d’avoir ces chances. J’aimerais être un exemple décent pour les autres filles et ça implique probablement de croire au fait qu’elle croient en moi. Je veux respecter les rêves que nous avons toutes. »

Lily a 25 ans et est née dans le Surrey. Elle a eu ce qu’elle décrit comme une enfance « ridiculement charmante », et elle complimente sa mère et ses deux frères. (Son père est mort d’un cancer il y a cinq ans). Elle a étudié dans la Guidhall School of Music and Drama. Lily est une beauté naturelle et cette ambition Anglaise qui n’oublie jamais le charme; elle veut être aussi appréciée qu’elle veut réussir. Après une série d’apparence mémorables sur scène, Lily a travaillé avec Billie Piper dans ‘Secret Diary of a Call Girl’ sur ITV, avant son rôle dans Downton Abbey qui a fait d’elle l’aristo la plus turbulente de la télévision depuis que Lady Julia Flyte a dégringolé les escaliers dans ‘Brideshead Revisited’. Mais le rôle de Cendrillon va faire d’elle une des plus grandes jeunes actrices du monde, célébrée, copiée, habillée et papée. Est-elle prête ? « J’aime m’habiller » dit-elle. « On ne peut s’empêcher de se sentir spécial quand on nous donne quelque chose de beau à porter. Et on se sent chanceux. Je pense que tout le monde rêve d’avoir une chance comme celle là, n’est-ce pas ? »

En parlant avec Lily, il me vient que l’Angleterre est probablement le seul pays au monde dans lequel quelqu’un peut parler de ‘jouer de manière royale’. Dame Maggie Smith, à chaque instant et chaque situation, parait royale pour la plupart des jeunes en Angleterre, tout comme un groupe entier d’acteurs. En un sens, dans ce pays la profession d’acteur est une aristocratie représentative où les plus grandes stars parlent de communauté, responsabilité et privilège, de la même manière que peuvent l’être le duc et la duchesse du Devonshire. « Les Anglais ont un sens prononcé de leur propre histoire et pour nous le passé a une réelle place » dit Julian Fellowes. « Donc quand on prend un fille comme Lily James – belle, jeune, moderne – et qu’on la met dans une robe à crinoline, elle semble immédiatement y appartenir. C’est un vrai cadeau. »

« Et comment les jeunes et anciens acteurs Anglais se mélangent-ils ? » je demande.

« Magnifiquement bien. Le plus grand succès du jeu dans Downton est que les choses sont faites avec énergie. Vous mettez une jeune actrice comme Lily à côté d’une Penelope Wilton présente depuis la première saison et l’énergie ne descend pas une seule seconde. Ca tient. Et elles travaillent avec charme. Je pense que le charme est un des ingrédients les plus importants de l’être humain. Oubliez les classes. Les bons acteurs ont la faculté d’amener de la chaleur au sein de leur personnage. C’est ce que possède Lily James. »

Quand je me suis rendu au Fumoir Bar à Claridge environs une semaine plus tard, une rose adorable et seule s’est assise à une table. Descendant la rue de New Bond Street une heure auparavant, je me suis arrêté à la vitrine de la galerie de Richard Green, où était exposé la divine peinture à l’huile de Samuel Peploe ‘Roses and Tea’. Qu’ont-ils donc avec toutes ces roses, ai-je pensé, et cette sublime faculté de brouiller l’art et la vie ? Puis Lily James entre dans le bar tout sourires et le scintillement des bougies et les mules de Moscou viennent ensuite. « J’ai eu quelques sentiments d’amour-haine avec Lady Rose [son personnage dans Downton] au départ » dit James. « Elle semblait superficielle. Mais elle change. Bien que ses valeurs étaient le privilège et passer du bon temps, elle apprend à s’intéresser à des choses plus grandes. En tant qu’actrice vous vous battez pour posséder les personnes que vous jouez. »

« C’est assez Anglais de paraitre retenu. »

« Mais je ne veux pas l’être. » dit-elle. « Je veux être ouverte et libre et heureuse et de juste me laisser aller. Je pense que je dois être prudente. »

« Mais êtes-vous consciente d’une manière British de jouer ? »

« Oui. Je veux dire, j’adore Cate Blanchett et Amy Adams, mais quand vous regardez Maggie Smith, pas seulement maintenant, mais quand elle jouait Desdémone ou quand elle était dans ‘California Suite’, vous pensez « Wow, elle est tellement drôle et sexy. Elle est un exemple. » Et vous voyez la même qualité émerger chez Carey Mulligan et Felicity Jones. »

James a une grande notion des classes. Elle parle comme si la parfaite définition moderne impliquait la situation dans laquelle si quelqu’un est élevé, alors c’est une bonne nouvelle pour tout le monde; on s’élève tous dans un groupe, que ce soit une communauté, une famille ou un couple. Cela pourrait paraitre idéaliste, dans l’âge de l’embrasement, mais j’aime cela parce que c’est rafraichissant. Au milieu d’une conversation, elle raconte une magnifique histoire à propos de son frère aîné, Charlie, qui travaille pour Sky Sports et qui aime le golf. « Il y a quelques temps, il voulait aller au Masters et il ne savait pas si son visa allait arriver à temps. Et je vous promets, je me suis dit ‘Je préfère qu’il ait son visa plutôt que mon rôle dans Cendrillon !’ »

« Je dois vous prévenir, Lily – c’est très mignon. »

« Oh, mais il aime vraiment le golf. Il voulait y aller. »

« Tout le monde veut quelque chose, n’est-ce pas ? » je dis.

Elle soupire et lisse le tissu de sa robe Whistles. « Oui » dit-elle. « Tout est une expérience nouvelle en ce moment. Je suis en train de lire ‘The Heart is a Lonely Hunter’, le roman de Carson McCullers. Elle l’a écrit quand elle avait 23 ans. Il y a une brutalité, et pourtant il y a une grande tradition derrière et toute cette nation autour d’elle, et on pense « Wow, tout ce que vous pouvez espérer c’est donner justice à cette création brillante. »

Town & Country | Juin 2014 | Traduit par Lily James France  ©