Lily James révèle que Kristin Scott Thomas était « absolument terrifiante » dans le rôle de l’effrayante femme de ménage Mrs Danvers lorsqu’ils filmaient la nouvelle version du thriller gothic de Daphne du Maurier ‘Rebecca’, elle obéissait à chacun de ses ordres.
« J’ai failli sauter par une fenêtre quand elle me l’a demandé de le faire ! » admet James alors que nous discutons sur comment elle a vécu le fait de travailler sur l’adaptation de la romance criminelle et mystérieuse qui se vend encore aujourd’hui à 50 000 exemplaires par an, huit décennies après sa première publication.
Heureusement pour James, c’était une fenêtre de tournage, « donc à seulement quelques pas du sol ». Aussi, il y avait beaucoup de pauses lumières entre les prises quand les acteurs n’avaient pas à habiter leurs personnages, oppressés par l’ombre de Rebecca. « Mon dieu, nous étions hyperactifs quand nous n’étions pas devant les caméras ! » me raconte James.
Sa co-star Armie Hammer a aussi rejoint le projet. L’acteur tout droit venu d’Hollywood joue le riche veuf Maxim de Winter, le propriétaire de Manderley, le manoir tentaculaire et intimidant, hanté par les souvenirs de sa défunte épouse Rebecca, la première Mrs de Winter.
Quand Maxim et le personnage de James, le narrateur interne, se rencontrent (et oui, elle prononce la célèbre réplique : « J’ai rêvé l’autre nuit que je retournais à Manderley » pour le générique d’ouverture du film somptueux et suspensif du réalisateur Ben Wheatley), elle travaille comme dame de compagnie pour la vulgaire Américaine Mrs Van Hopper (délicieusement interprétée par Ann Dowd).
Wheatley et la scénariste Jane Goldman se sont concentrés sur différents aspects du personnage de James (surnommée Daphné pour plaisanter sur le plateau de tournage, parce que personne ne connaît son prénom) « afin de ressentir la complexité de sa personnalité ». James s’est aidée de la poésie de Sylvia Plath – une en particulier nommée Mad Girl’s Love Song – afin de l’aider à se glisser dans la peau de cette jeune femme naïve qu’elle interprète dans le film, qui sera disponible sur Netflix à partir du 21 Octobre. « Quelle fille se marrie avec un homme et emménage chez lui alors qu’elle le connaît à peine ? » s’interroge-t-elle sur la seconde Mrs de Winter.
James m’a confie qu’elle avait le sentiment que, durant le tournage, sa fascination pour le livre et son personnage se sont combinés avec la version tantôt trippante et psychédélique de Wheatley, avouant que les spectateurs « vont être dans ma tête » quand ils vont regarder le film. En effet, j’ai probablement sauté lorsqu’elle l’a fait ; et j’ai senti sa terreur quand elle se réveille, dans une sueur froide, empêtrée dans le lierre qui a pris vie sur le motif de son couvre-lit.
James est incroyable quand elle passe de la pupille virginale à cette femme propulsée par la force de l’amour. Scott Thomas est superbe également. Il y a une scène merveilleusement choquante où Mrs Danvers se reflète dans le miroir de la chambre de Rebecca, brossant les cheveux de sa maîtresse avec des gestes de plus en plus brutaux. Le visage pâle de James se reflète également, regardant comme si la vie était en train de la quitter.
Scott Thomas m’a révélé qu’elle a supplié le producteur Eric Fellner du Working Title de lui donner le rôle de Mrs Danvers. « Je voulais qu’on voit ce mélange de jalousie, d’envie, de rage ! » dit-elle. « On sent que c’est une femme qui vit dans une situation catastrophiquement réduite. » Le conflit générationnel – « la vieille femme méprisant la jeune femme » – est quelque chose qui l’a aussi attirée.
Mrs Danvers, dans un costume bleu marine au chemisier en soie rouge – rappel des rhododendrons rouge sang que sa Rebecca chérie aimait – fait un ennemi redoutable face au « timide poulain » incarné par James, comme mentionné dans le livre. « Danvers avait investi toutes ses énergies à élever Rebecca pour la transformer en monstre – parce que Rebecca était un monstre » me confie Scott Thomas.
L’actrice Oscarisée est anxieuse du fait que ce nouveau ‘Rebecca’ se rapproche plus du livre de Du Maurier que du classique d’Alfred Hitchcock de 1940, avec Laurence Olivier en Mr de Winter, Joan Fontaine en seconde Mrs de Winter, et Judith Anderson en Mrs Danvers. « Il s’agit d’une adaptation moderne, avec l’idée que les femmes ne sont pas nécessairement le sexe faible » dit-elle.
Quand je me suis entretenu avec Hammer sur le tournage, il a révélé que son personnage, Maxim, a aussi été ‘modernisé’, bien qu’il soit toujours entouré de mystères. Les accents dénotaient avec clarté les classes de l’époque, mais l’acteur, qui parvient parfaitement à retranscrire l’apparence courtoise de Mr de Winter tout en cachant sa tourmente intérieure, a opté pour un ton moins haché et daté que celui d’Olivier. « Toujours chic, cependant » nuance-t-il.
Les producteurs de Working Title et Netflix ont passé autant de temps à trouver le parfait Manderley que leurs acteurs principaux. « La maison est un personnage à part entière » dit Sarah Greenwood, qui a déjà gagné un BAFTA pour la production design de ‘Atonement’ et a été nommée pour six Oscars. Un personnage qu’aucun endroit n’a enfin de compte pu convenir. Le Manderley du film est un « véritable puzzle » admet-elle. L’extérieur est celui de Cranborne Manor à Dorset ; bien que quelques plans de l’arrière de la maison (ainsi que des scènes de bureau) aient aussi été filmés à Osterley Park à Isleworth, Londres Ouest. Les scènes intérieures clés ont été capturées à la Hatfield House au Hertfordshire. Et les jardins luxuriants de Manderley ont été filmés à Mapperton, également à Dorset.
Et l’immense suite de Rebecca ? « Construite dans un entrepôt morbide à Wembley ». Greenwood a présente de ‘majeures excuses à Cornwall’, mais a expliqué que pour de nombreuses raisons, ils n’étaient pas en mesure de tourner les scènes dans le comté lui-même. Même la mer de Cornouailles est en fin de compte les eaux du large de Hartland Quay dans le nord de Devon. Wheatley et elle ont été séduits par la formation rocheuse de schiste et de grès de ces lieux, ce qui faisait penser à des « ailerons de requins dépassant de l’eau ». « Ben était ravi parce que la plage semblait aussi hantée que la maison elle-même » dit Greenwood.