C’est la chérie de Downton, devenue Princesse Disney qui s’attaque à Jane Austen. Et aux zombies. (Oh, et à Shakespeare.) C’est officiel : Lily James a tout maintenant, comme le découvre Helen Whitaker.
Il y a une chose que l’on peut dire de Lily James, c’est qu’elle est infailliblement polie. En fait, si ce n’est pour sa tenue moderne qu’elle porte en arrivant à l’interview d’aujourd’hui – jean noir, bottes, pull marine – on pourrait la prendre pour l’une des ingénues bienséantes qu’elle incarne à l’écran.
Nous sommes dans un bar sur le thème équestre dans un quartier plein de chichi dans l’ouest londonien, entourées de selles, fouets, une bride, et des coussins brodés de scène de courses de chevaux (l’endroit a été choisi par un association caritative pour laquelle Lily assiste à un événement après, plus que par passion pour ce qui relève du cheval), et elle a été reconnue par deux fans. Elles ont attendu la fin de notre interview pour demander des autographes et sont venues préparées, avec une tonne de photos à lui faire signer. Lily doit partir (le thé-charité l’attend), mais leur répond qu’elle reste pour en signer quelques uns, alors que les fans continuent à lui en mettre de plus en plus dans les mains. Je suspecte qu’elles finissent sur eBay, mais elle est trop gracieuse pour suggérer ça. Elle réussit quand même à s’extraire pour se changer, ma patience aurait atteint sa limite depuis bien longtemps.
On remonte une heure plus tôt et on est en train de boire un thé à la menthe pendant que Lily me montre la moitié haute de sa tenue à motif de la cérémonie d’ouverture qu’elle porte sous ses vêtements civils, prête à enfiler la jupe assortie une fois qu’on aura terminé. En dehors de la tournée de promotion de Cendrillon l’an dernier qui fut un régal sur les tapis rouges, elle dit que le mot « facile » ne s’applique pas à son style.
« J’essaye les choses au moins 100 fois, mais je suis assez classique pour ce que je porte quotidiennement, explique-t-elle. Même si j’ai fait de la place dans mon dressing récemment, et c’était drôle à voir, je ne sais pas vraiment comment accorder les choses. Parfois on dirait vraiment que je me suis habillée dans le noir. Mais mon copain est cool et il m’aide. »
Si vous ne connaissez pas encore l’un des couples les plus cools d’Angleterre, « mon copain » est l’acteur et ancienne star de Doctor Who, Matt Smith. Si tu lui poses directement des questions sur lui, son coache médiatique s’interpose, la rendant (courtoisement, évidemment) réticente à en parler. Mais quelques références ponctuent la conversation, montrant à quel point elle en est amoureuse.
Il est également dans le film dont on est là pour parler, Pride and Prejudice and Zombies. Mais même siLily en est la star dans le rôle d’Elizabeth Bennet, ce serait presque trop cool qu’il soit son M. Darcy. Ce rôle revient à Sam Riley, et Matt joue le prêtre, M. Collins. Le film est une adaptation du livre deSeth Grahame-Smith, qui se trouve être basé sur le classique du 19ème siècle de Jane Austen. Mais dans cette version de l’histoire la recherche d’un mari approprié pour les sœurs Bennett est interrompue par une horde de mangeurs de peau s’ébattant autour de la maison familiale.
Grande fan de l’histoire originale de Jane Austen, Lily n’avait jamais entendu parler de la réinterprétation de Seth Grahame-Smith. En fait, quand on lui a présenté le script pour la première fois elle s’est dit « On se moque de moi. Puis je l’ai lu, c’était fou. Ensuite j’ai lu le livre, et j’ai aimé aussi. »
Grosse lectrice (elle a un club de lecture avec ses amis sur Skype), Lily n’envisagerait pas de faire un personnage de roman, sans l’avoir lu avant. « Avant chaque scène, je lisais un passage du livre deJane Austen, dit-elle. Mais ça n’est pas la même Liz Bennet que l’on a vu auparavant. En fait c’était l’un de mes plus grands sujets de débat : est-ce qu’on s’éloigne trop du personnage que j’aime vraiment ? Mais il le faut parce que tout n’est que vie ou mort. Elle est beaucoup plus énervée. »
« Mais c’est toujours une histoire d’amour, la même idée que les femmes sont frustrées, les hommes sont leurs sauveurs et Liz veut sortir des sentiers battus. Ce qui est assez drôle puisqu’elles sont toujours obsédées par l’idée de trouver un mari alors qu’elles sont sur le point de se faire manger par un zombie. Cela rend les choses encore plus absurdes, cette pression et ce désir constant des femmes de cette époque. »
C’est la énième version de Pride and Prejudice que vous voyons (la première avec des zombies toute fois), alors pourquoi, selon Lily, irions nous voir celle-ci ? « Je pense que tout le monde à l’impression d’être différent, comme Lizzy, de ne pas tout à fait s’intégrer, et essaye de se battre un peu contre ça. La relation Liz-Darcy est juste idéale, n’est-ce pas ? Un peu de complications c’est toujours bon, dit-elle. Tu veux définitivement quelqu’un que tu respectes et admire » ajoute-t-elle, à ce qui ressemble être encore une référence détournée à sa situation personnelle.
Pour quelqu’un qui trouve que jouer un personnage mythique est rebutant, elle a pour sûr trouvé son chemin avec les plus grands succès de la littérature : l’an dernier le remake à succès de Cendrillon, elle a joué Natasha Rostova dans la série d’époque extravagante War and Piece, et maintenantElizabeth Bennet.
Mais jusque là, c’est surement pour son rôle de Lady Rose MacClare dans Downton Abbey qu’elle est la plus connue. Lorsqu’on se rencontre, c’est avant l’épisode de Noël de Downton, le tout dernier. Entendre les comédiens dire que leurs collègues sont devenus comme leur famille, et le respect qu’ils ont les uns pour les autres, peut sembler bidon. Mais quand Lily parle des « compétences, de la beauté et la magie de tout ça », ça ne ressemble plus à la comédie servie habituellement. Tu la crois quand elle dit qu’elle s’est fait des amis pour la vie, pas seulement parce qu’elle a été prise avec ses co-stars Laura Carmichael et Michelle Dockery en dehors des heures de travail. « Je l’adore, dit-elle de Michelle. Je l’admire plus que quiconque, comme femme et comme actrice. »
Mais il y a encore de la place dans son girl squad pour ses soeurs de Pride and Prejudice and Zombies,Suki Waterhouse, Bella Heatcote, Ellie Bamber et Millie Brady. Il y a même une conversation groupée sur WhatsApp qui leur permet de garder le contact et elle essaye de coincer Suki pour un rencard.
Née dans le comté du Surrey, l’héritage de Lily est enraciné dans la performance. Son père, James, était acteur, tout comme sa grand-mère, Helen Horton (connue pour être la voix de la mère dansAlien). Après le lycée, elle a étudié à Guildhall. Et en six petites années elle a amassé des apparitions au théâtre, à la télé et au cinéma, jusqu’à être le personnage principal d’un poids lourd de Disney. Une histoire que l’on a souvent entendue à cette époque, c’est qu’elle vivait dans un appartement avec des champignons au plafond. Ça ressemble à Cendrillon, mais pas exactement. « Quand j’étais étudiante en art dramatique, mon appartement à Croydon avait des champignons au plafond à cause de l’humidité !, clarifie-t-elle. Mais pas récemment. Quelqu’un a écrit que c’était quand je vivais à Peckham, mais c’est faux. » Elle me rassure en me disant qu’elle habite désormais dans un « endroit agréable » au nord de Londres, où elle profite de la vie en intérieure (rester à la maison pour regarder The Hunt) ainsi que des activités normales d’une femme de 26 ans. « J’adore sortir, aller dans des pubs et trouver un endroit où l’on peut danser et s’encanailler sur de la musique électro, raconte-t-elle. Je danse un peu comme un mec en me tenant l’entrejambe. J’ai aussi une « tête » quand je danse, et j’ai remarqué que Suki en a une aussi. »
Elle n’est définitivement pas une princesse, et si elle n’étais pas dans le milieu, elle pourrait être une gamine de 20 ans et quelques comme les autres. Après les nombreuses campagnes promotionnelles de Cendrillon dans le monde entier, Lily est partie avec son sac à dos dans le sud est de l’Asie et me dit qu’une cabine de plage à Goa est la prochaine étape de sa liste de voyage à petit budget. La dernière fois que Glamour a photographié Lily (en 2014) elle a débarqué en vélo. « Je l’ai laissé dehors pendant au moins six mois et je me le suis fait voler, se lamente-t-elle. Il faut que je m’en achète un autre, j’ai l’impression d’avoir perdu une partie de moi. » Elle est aussi sérieusement passionnée par Lena Dunham en ce moment : elle lit son mémoire et s’est inscrite à la newsletter de l’actrice-auteure. « C’est incroyable, soupire-t-elle à propos du e-magazine hebdomadaire. J’en ai entendu parler quand l’essai de Jennifer Lawrence est devenu viral, et j’adore. J’adore celle de la tête de vagin, je suis devenue accro à partir de là. » Sur le sujet de l’essai de Jennifer, elle ne pense pas vraiment subir l’inégalité de salaire. « Je ne sais pas vraiment ce que touchent les gens de mon niveau par rapport à ce que je touches, dit-elle prudemment. Mais je pense que c’est brillant queJennifer ai lancé le sujet et que les gens en parlent. Ça ne peut qu’aller dans le bon sens. » Elle fait une pause. « Enfin, il ne devrait pas y avoir d’inégalité de salaires, non ? »
Son niveau, semble perpétuellement augmenter et elle maintient des relations professionnelles tout du long. Cet été, elle retrouve à la fois sa co-star de Cendrillon, Richard Madden et le directeurKenneth Branagh, pour une session de 13 semaines sur scène avec Roméo et Juliette. « Dernièrement les projets s’enchaînent, et j’ai vraiment hâte de passer du temps à me mettre dans la peau deJuliette », dit-elle les yeux brillants d’excitation. Malgré son succès au cinéma, elle adore toujours jouer sur les planches. « Je me souviens avoir fait Vernon God Little avec les Young Vic quand j’ai quitté l’école d’art dramatique. Ça a été le meilleur moment de ma vie. Tu fais la pièce (en général un de tes amis te voit chaque soir), tu sors, dors toute la journée et refais la pièce. C’est vraiment mon mode de vie idéal. »
Jusque là elle se repose toujours sur son instinct pour choisir son travail. « Mes tripes sont mon meilleur filtre, dit-elle. Mais parfois c’est difficile de comprendre le message tant il est contrasté et variable. »
Mais c’est manifestement une femme qui a des choix. Elle reste chez elle à Londres pour le futur proche, mais elle veut passer par New York un jour : « Avant de me poser vraiment, explique-t-elle, j’adorerais faire une pièce là-bas. » Mais ses prochains choix consisteront aussi à trouver le moyen de passer du temps chez elle. Elle a du reloger son chat, Coco, parce qu’elle passe trop de temps en voyage. « Ça me donne envie de pleurer, mais c’était vraiment injuste pour elle. J’aimerais pouvoir la garder, et avoir un chien, mais j’en suis au point où je ne peux même pas garder de plantes, faute d’arrosage. »
Tu ne peux vraiment voyager avec des animaux de compagnie que si tu as un jet privé, je suis d’accord « Je n’ai pas de jet privé. Un jour peut-être. » Elle y réfléchit une seconde puis lâche en s’esclaffant « Peut-être que je devrais essayer de retrouver mon vélo d’abord. »
Source : Glamour UK – Mars 2016
Traduction : Quarante2Minutes © Créditez pour tout emprunt. Merci.
